Sa musique électro a déjà habillé publicités (Audi, L’Oréal…), longs-métrages (Laisse tes mains sur mes hanches de Chantal Lauby), série (Tycoon) et fictions radiophoniques. Récemment, elle accompagnait les images de La Révolution sur Netflix et du Roi Bâtard, documentaire animalier pas comme les autres. Parce qu’il révolutionne les codes esthétiques du genre, flirte avec le thriller et choisit justement l’électro.
Comment êtes-vous arrivé sur ce documentaire, désormais disponible sur MyCanal ?
J’ai été contacté par Ingrid Visquis, la superviseuse musicale de la production. Ils voulaient une musique résolument moderne et mélodique et, après de longs mois de réflexion, la production et le réalisateur ont choisi de composer un tandem : Laurent Garnier et moi.
Comment s’est passé la relation avec le réalisateur et Laurent Garnier qui a signé une partie des tracks de la BO ?
Sûrs de leur choix après ces longs mois de réflexion, le réalisateur Owen Prümm et le producteur de Bonne Pioche, Alexandre Soullier, m’ont immédiatement mis en confiance. J’ai eu carte blanche. Mes débuts étaient même un peu trop timides, un peu trop proches de ce qui se fait traditionnellement dans le documentaire animalier. Ils m’ont vraiment poussé à m’affranchir du genre et des codes pour aller vers un score plus personnel.
Avec Laurent, nous avons échangé au tout départ, avec beaucoup de bienveillance. Les scènes avaient été découpées en amont pour correspondre à nos profils respectifs. Si l’une des ses musiques précédait une séquence que je devais mettre en musique, je l’écoutais et la prenais bien évidemment en compte pour qu’il y ait une sorte de continuité, d’harmonie dans la narration musicale.
Y a-t-il des spécificités à l’élaboration d’une musique de documentaire animalier ?
C’est la première fois que je m’essayais au genre et nous avons justement cherché à déconstruire ce qui se faisait d’ordinaire. Ce qui est jouissif avec ce type de format, ce sont ces longues scènes de contemplation, avec des plans complètement dingues. C’est un autre rapport au temps si je compare à la fiction ou la série.
Vous avez aussi travaillé sur la série Netflix La Révolution. Le format, série ou long, documentaire ou pub, influence-t-il votre façon de composer ?
Bien-sûr. Sur une série comme La Révolution, comme nous sommes sur un temps qui s’étire (environ 8 heures de fiction), il faut installer plusieurs ambiances qui se complètent et qui marquent vraiment la dramaturgie sur le long terme. Je pense d’ailleurs qu’on commence réellement à voir où l’on veut aller au bout du 4e épisode.
Sur un film, c’est plus concentré mais le principe est le même. Après, tout dépend évidemment des projets, mais au cinéma, il est plus difficile de jouer sur l’effet de surprise que la série peut offrir.
Pour la pub, c’est le problème inverse. Comme c’est très court, il faut tout donner dès les cinq premières secondes, souvent avec une référence musicale et un chemin balisé. On est dans une recherche d’efficacité et dans un rapport au détail qu’on n’a pas dans les longs formats. En contrepartie, on perd un peu en spontanéité et en instinct.
Ophélie Surelle
Photo de couverture : © Ben Levy