Rencontre
de la Musique
et de l'image

Florencia Di Concilio / Rémi Chayé : l’animation bluegrass

Jusque-là, Rémi Chayé, réalisateur de Tout en haut du monde, utilisait peu la musique dans la narration. C’était avant Calamity : une enfance de Martha Jane Cannary et sa rencontre avec Florencia Di Concilio, compositrice de la bande originale bluegrass et symphonique de ce film d’animation sur l’émancipation d’une fillette dans l’Ouest américain de 1863. Rencontre, lors du Festival Francophone d’Angoulême avec deux des auteurs indissociables de ce film récompensé du Cristal du long-métrage au Festival du Film d’animation d’Annecy. 

Rémi, pourquoi avez-vous choisi Florencia ?
Rémi Chayé : J’ai eu envie de travailler avec une compositrice parce que j’avais lu dans un rapport sur le cinéma qu’elles ne représentaient que 2% ou 1% des compositeurs. C’est une démarche complètement légitime et consciente et, quand on a décidé que ça devait être une femme, on réalise qu’on trouve facilement. Dès lors, un certain nombre de noms sont arrivés, notamment celui de Florencia. J’étais tombé sur Ava, un film dont elle avait signé la bande son qui m’avait beaucoup plu, et sur Dark Blood qui avait déjà une tonalité un peu bluegrass. Je me suis alors dit que c’était la bonne personne et l’écoute des premières maquettes n’a fait que confirmer ce sentiment.

Quel cahier des charges y avait-il sur Calamity ?
R. C. : L’ambiance bluegrass. Je savais ce que Florencia était capable de faire en terme de sound design. Elle sait distordre des sons, passer les instruments dans des filtres, bricoler des trucs incroyables. Je m’attendais à ça aussi pour accompagner le film dans les aspects un peu dramatiques. Je n’utilisais pas trop la musique jusque-là mais, avec Florencia, j’ai appris à m’en servir davantage dans la dramaturgie.

Florencia, comment avez-vous conçu cette partition ?
Florencia di Concilio : La musique a été composée pendant la fabrication du film. C’était un dialogue créatif très nourrissant. Grâce à mon expérience dans les documentaires, j’ai appris qu’on ne reproduit pas l’état mental d’une époque, en faisant forcément de la musicologie. Ce qui compte d’abord, c’est la perception du personnage, du contexte. Pour des raisons plus esthétiques qu’historiques, le bluegrass acoustique me semblait être le bon choix. Ça collait aussi très bien à la nature sauvage du personnage et aux couleurs qui sont très contrastées, “on your face” (i-e vives, directes). Il fallait que la musique le soit aussi.

Pourquoi le choix d’un orchestre symphonique pour accompagner le quatuor bluegrass ?
F. di C. : Quand j’ai commencé à voir les couleurs du film, j’ai reconsidéré l’orchestration.

R. C. : Nous  avions besoin de prendre une dimension plus ample. C’était d’ailleurs un moment merveilleux de passer des maquettes conçues par les quatre musiciens bluegrass à cette orchestration. On est allé enregistrer la totalité de l’orchestre qui allait soutenir et emmener l’ensemble à Londres. Ils ont eu la partition entre 10h et 11h et, en une heure, ils la maîtrisaient comme s’ils l’avaient jouée toute leur vie.

F. di C. : J’ai voulu un studio de taille raisonnable, sans la réverbération d’Abbey Road. Un endroit presque trop petit pour la quantité de musique qu’on a mis à l’intérieur, afin qu’ils soient obligés de placer les micros assez près des musiciens. J’aime aussi choisir comment on va les entendre pour anticiper le mix final.

Photo de couverture : © 2020 Maybe Movies – Nørlum – 2 Minutes – France 3 Cinéma

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