Compositeur de la B.O. de la série Lupin, énorme carton sur Netflix, Mathieu Lamboley a de nouveau collaboré avec Laurent Tirard après Le retour du héros. Rencontre avec le musicien autour de la musique du Discours, chronique familiale tendre et burlesque adaptée du livre de FabCaro.
Comment êtes-vous arrivé sur ce film ?
J’enregistrais un piano dans un studio et j’ai croisé Laurent. On a simplement parlé de son projet et il m’a envoyé ensuite le scénario. L’idée, c’était d’avoir un thème assez simple, basé sur un instrument, le piano, avec une mélodie assez identifiable et de varier ensuite un peu ce thème tout au long du film. Mais, vraiment, le mot clé pour Laurent, c’était : « Je veux une musique qui ne soit pas orchestrale, qui soit vraiment épurée. » J’ai donc arrangé dans un style qui se rapprocherait peut-être d’une couleur pop anglaise des années 60.
La comédie impose-t-elle justement un rythme particulier dans la musique ?
C’était au contraire un parti pris de ne pas rentrer dans un standard de musique de comédie mais il y a tout de même une forme de pulsation, intrinsèque aux rythmiques de piano. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais c’est l’idée d’une main gauche qui accompagne avec des petits motifs un peu rythmiques, et puis un thème par dessus. Pour celui-ci, j’ai choisi comme instrument la basse Fretless qui n’est plus trop utilisée en ce moment : elle donne une couleur très années 80, un peu nonchalante et naïve, au diapason du personnage qu’interprète Benjamin Lavernhe.
Il y a aussi des synchros dans Le Discours. Comment composez-vous avec ?
Il fallait justement du contraste entre la musique originale et les chansons. Dans ce film, ma musique est un peu hors du temps, contrairement aux chansons, liées à des époques. Ma partition nous amène dans quelque chose d’un peu lunaire. C’est ce que j’ai voulu faire en tous cas.
Et comment sait-on où et quand placer la musique ?
Quand on commence à composer de la musique à l’image, on a envie de mettre de la musique partout. Mais plus ça va, plus je me rends compte que certaines scènes marchent très bien sans. Je me retrouve même à dire parfois à des réalisateurs que cela ne sert à rien de rajouter des choses. Il faut que la musique arrive au moment opportun, qu’elle ait une signification, une présence dans le film. Si elle est omniprésente, elle est noyée. Il faut essayer au maximum d’avoir une vraie identité, que la musique soit une voix dans le film, qu’elle apporte plutôt une autre dimension, qu’elle soit en décalage aussi. Ce que je trouve très intéressant : avoir une musique qui parfois est complètement à l’opposé de ce que l’on voit à l’image.
Par Marilyne Letertre et Matéa Iliéva
Photo de couverture © Mathieu Lamboley / DR – Affiche Le Discours © Le Pacte