Rencontre
de la Musique
et de l'image

Les Frères Larrieu : « Tralala est né d’un désir de comédie musicale »

De Peindre ou faire l’amour aux Derniers jours du monde, les films d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu ont toujours été portés par leur fantaisie et la mélodie de leurs mots. Rien de plus cohérent de retrouver aujourd’hui les frères aux commandes de la comédie musicale Tralala dans laquelle Mathieu Amalric, Maïwenn, Josiane Balasko ou encore Bertrand Belin donnent de la voix, portés par les mélodies de Katerine, Etienne Daho ou Dominique A. Rencontre lors du festival du film francophone d’Angoulême.

Racontez-nous la genèse de Tralala.

Jean-Marie Larrieu : Tralala est né d’un vieux désir de comédie musicale chez nous.

Arnaud Larrieu : Un désir toujours neuf, plutôt qu’un vieux désir. Je pense que c’est lié à l’idée de fantaisie et de prise de liberté que permet la comédie musicale. Après, musicalement, à l’adolescence, on a eu pas mal d’activités diverses : on avait un petit groupe de musique avec une bande de garçons et on a toujours beaucoup écouté la musique, de manière assez variée…

J.-M. L. : Le problème, en mise en scène, c’est comment commencer une chanson et comment la finir. Démarrer et conclure, c’est ça la grande question.

Pourquoi avoir opté pour plusieurs compositeurs ? 

A. L. : Pour nous, Legrand, ça représentait la musique faite par un Dieu qui descend sur le film et qui est partout. Alors, nous, on s’était dit : “Non, il n’y aura pas de Dieu, même si ça se tourne à Lourdes”. Les chansons vont monter à partir des personnages, inspirées aussi peut-être par On connaît la chanson de Resnais. On s’était dit : “Comme dans la vie, chacun porte une mélodie, un genre.” S’il y a des ados ou des jeunes gens, ce qui est le cas, ils vont plutôt être dans le rap. Celui qui est au bord de l’embarcadère, c’est un rockeur qui aurait voulu peut-être faire autre chose mais il reste rockeur. C’était assez passionnant à concevoir comme ça, et après, de se dire : “Tiens, qui pourrait être derrière chaque personnage ?”.

Justement, comment avez-vous choisi ces auteurs  ?

J.-M. L. : Il y a tout un historique assez long à raconter parce qu’on avait commencé par s’adresser à Philippe Katerine pour écrire et composer les chansons du personnage de Tralala. Et après, en réalité, on ne savait pas trop. Bertrand Belin, on le suivait depuis longtemps. On avait aussi envie qu’il fasse l’acteur, donc, ça faisait un acteur/ chanteur. Ensuite, on a commencé par les comédiens, tout en démarrant de petites listes… Jeanne Cherhal, on la connaissait, on l’aimait beaucoup. Quand on a eu Mélanie Thierry dans le casting, Jeanne s’est imposée. Des filles à la fois très sérieuses, qui travaillent très bien, et puis qui envoient du lourd à leur manière. 

A. L. : On aurait pu faire des différences de genres très fortes, prendre quelqu’un de la variété, quelqu’un du rap. Au fond, ça s’est affiné à partir d’une troupe dans laquelle ils ont tous des affinités entre eux. 

J.-M. L. :  Pour Josiane Balasko, ce qui nous a inspirés énormément, ce sont les mélodies extrêmement subtiles et identifiables de Dominique A,. On s’est dit : “Si Josiane arrive à chanter ça, ça va révéler quelque chose de Balasko qu’on n’aura jamais vu.”

C’est ensuite Renaud Letang qui crée le ciment qui les unit tous ? 

A. L. : Le film parcourt à peu près tous les genres musicaux mais aussi la manière dont la musique est appréhendée. Comment on l’appréhende quand elle est jouée avec une guitare dans une chambre, propulsée par des grosses enceintes dans une boîte de nuit… Nous, notre boulot, c’était travailler quels types d’émotion, à ce moment-là, cela provoquait et comment il fallait que ce soit là. Donc, c’est à la fois de la mise en scène et le mixage et Renaud qui a réussi à faire des enchaînements très subtils de séquences.

C’est la musique qui a guidé le montage ? 

J.-M. L. :  Oui, dans une comédie musicale, la musique influence même la mise en scène tout de suite puisque le premier élément qu’on va tourner, c’est la chanson. On a plutôt fait des plans séquences d’ailleurs parce qu’on aimait bien qu’il y ait un risque pour les comédiens. Quand ils démarraient, il fallait aller au bout. Bertrand Belin, il savait le faire mais Mélanie Thierry, Josiane Balasko… 

Pour nous, chanter, c’est ça : une mise à nu. On faisait toujours ce parallèle avec les scènes de nu pour les comédiens/ comédiennes et je crois que c’est encore plus dur pour eux de se mettre à chanter que de se mettre nu. Toutes les chansons avaient été enregistrées en playback avant pour rassurer tout le monde. S’ils n’avaient plus de voix, on pouvait ainsi continuer à tourner. Mais, en réalité, on n’a jamais mis cette musique sur le plateau. Au final, en majorité, on a vraiment gardé le son direct. Mélanie Thierry dans “Le magasin de Vierges”, elle s’est lancée en se disant  : “Ce n’est pas grave si je ne vais pas au bout. Il y a le playback”. Et, évidemment, quand ça démarre, elle va au bout. 

A. L. : Très vite, arrive la question : “Mais comment remplir le temps de la chanson ?”. Donc, arrive ce qu’on appelle la chorégraphie… On a travaillé avec Mathilde Mounier qu’on avait rencontrée sur 21 nuits avec Pattie. Elle avait rencontré tous les comédiens. Elle voyait un peu, à partir de déplacements réels ou de ce qu’ils pouvaient faire de leur corps, comment ils allaient habiter la chanson par une chorégraphie particulière.

Images : Peggy Bergère
Interview : Marilyne Letertre
Montage : Anna Fonso

Photo de couverture © Jérome Prébois, SBS productions 

A DÉCOUVRIR

> L’interview de Bertrand Belin et Dominique A pour Tralala

> L’interview de Jeanne Cherhal, compositrice sur Tralala

> L’interview de Renaud et Aladin Letang pour Tralala

Partager cet article

inscrivez-vous à notre newsletter

Suivez notre actualité, bla bla