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Jeanne Cherhal : « J’adore composer, en contraintes »

Présente au Festival du film francophone d’Angoulême pour son concert hommage à la musique de cinéma, l’auteure-compositrice et interprète venait aussi y défendre Tralala, comédie musicale des frères Larrieu dont elle a signé une partie de la bande originale. Une partie seulement, chaque personnage ayant été associé à un musicien attitré. Jeanne Cherhal, qui a écrit pour Mélanie Thierry, revient sur cette harmonieuse collaboration.   

Comment avez-vous été embarquée dans l’aventure Tralala ?

Les Larrieu m’ont contactée peut-être un an avant le tournage et j’ai eu la chance de pouvoir lire le scénario tout frais. Ils avaient déjà une idée assez précise de ce qu’ils voulaient pour chacun de leurs personnages. Moi, ils m’ont attribué celui de Jeannie, joué par Mélanie Thierry. Ils avaient envie de quelque chose d’assez sensuel… Et, en fait, j’ai écrit comme pour moi. Je me sentais proche de ce personnage, de cette femme de 40 ans. J’en parle un petit peu d’ailleurs dans la chanson “La boutique de la vierge” : 40 ans, c’est le plus bel âge pour une femme. Ils avaient une idée très précise de ce qu’ils voulaient, et même des phrases que j’ai reprises dans les textes, dans les paroles.

Est-ce parfois bridant de travailler pour l’univers d’un autre ?

J’adore travailler comme ça, en contrainte. C’est assez inspirant. Moi, il n’y a rien qui me tétanise plus que les cartes blanches. Alors que, quand on me drive, ça m’emmène ailleurs. Une idée en amène une autre… Quand on a un matériau de départ qui est très construit, c’est super inspirant.

Avez-vous composé en pensant à la comédienne qui chanterait ?

Je savais que ce serait Mélanie Thierry qui jouerait le personnage de Jeannie et je pense que ce que je peux projeter d’elle m’a guidée. C’est une comédienne que j’aime beaucoup, depuis longtemps. Mais je n’avais pas du tout de matériau chanté par elle. Je n’ai d’ailleurs pas tellement cherché à en avoir : je me suis basée sur la façon dont sa voix résonnait pour moi et j’ai eu le sentiment qu’on allait pouvoir être sur un même terrain, au niveau de la tonalité, des écarts de notes… Quand on a travaillé ensemble et que je me suis mise au piano, j’avais prévu peut-être d’augmenter la tonalité, la baisser un peu, mais, finalement, je suis restée en mi bémol.

Avez-vous participé à l’enregistrement des musiques et voix ?

J’ai participé à l’enregistrement au studio. Mais, finalement, ce sont des prises qui n’ont pas été gardées puisque Arnaud et Jean-Marie Larrieu ont vraiment privilégié les prises directes, pendant les chorégraphies. Mais c’était plus psychologique qu’autre chose, de se dire : “Bon, on les a de toute façon, et puis après, vous allez les chanter en direct. Et si ce n’est pas bien, on est blindé, on a le matos.”         

Qu’aimez-vous dans la composition pour l’image ?

J’ai l’habitude d’être ma propre capitaine. En dernier ressort, “c’est moi qui sais”. Mais là, composer pour quelqu’un, pour un projet collectif, je trouve ça hyper galvanisant, joyeux, et je n’ai pas du tout eu l’impression de perdre ma petite patte, ma touche personnelle. Pour le coup, une des phrases clef du film, c’est “Ne soyez pas vous-même”. Nous, il fallait vraiment qu’on soit nous-même en composant.

Les musiques de films sont-elles source d’inspiration pour vous ?

Tout ce qui m’émeut, tout ce qui me touche et tout ce qui me fait vibrer et avancer, c’est de la nourriture, du matériau. Là, spontanément, il y a une chanson qui me vient à l’esprit, c’est “Porque te vas” de la bande originale du film Cría cuervos de Carlos Saura. Pour moi, c’est une chanson fondatrice dans mon amour pour la musique et dans mon attirance pour ce que c’est de chanter et de creuser une émotion musicale.

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Images : Peggy Bergère
Interview : Marilyne Letertre
Montage : Anna Fonso

Photo de couverture : © Jean-François Robert

 

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