Président de Cristal Production, l’éditeur et producteur de musiques de films est aussi l’un des membres fondateurs de Sœurs Jumelles. Une aventure dans laquelle il embarquait grâce à son expérience, son savoir-faire et son lien avec Hélène Girault, autre co-fondatrice implantée dans la région Nouvelle-Aquitaine. A l’issue de la première édition de la manifestation, il tire le bilan, nous présente sa structure et revient sur les enjeux actuels des filières musique et image.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis producteur et éditeur de musiques de films. Je suis installé dans la région Nouvelle-Aquitaine depuis que j’ai commencé, il y a maintenant presque 30 ans. J’ai aussi des studios d’enregistrement, les studios Alhambra basés à Rochefort. Dans ces studios, on ne fait pas que de l’enregistrement. On fait aussi toute la post-production des films, du traitement des rushes jusqu’à la sortie des PAD. On a vraiment une double casquette : la musique et l’image. Ça vous rappelle quelque chose ? Sœurs Jumelles, par exemple ?
Pourquoi cet événement justement ?
Depuis longtemps, les gens de la musique se rendent bien compte qu’il y a un problème dans tout ce qui concerne le rapport de la musique à l’image. On ne donne pas les moyens de travailler au compositeur aujourd’hui. Il est souvent considéré comme un technicien alors qu’il fait partie des créateurs puisqu’une œuvre, c’est un scénariste, un réalisateur et un compositeur. Tout ça est arrivé parce que, petit à petit, des habitudes se sont prises et les gens ont laissé faire.
Notamment celle-ci : souvent, les producteurs disent au compositeur : “Je vous laisse les éditions”. Mais on ne laisse pas les éditions. Elles appartiennent au compositeur. C’est lui qui a le choix de dire : “Je veux tel éditeur ou je suis d’accord pour laisser mes éditions à tel éditeur.” Ça veut dire qu’aujourd’hui, les producteurs, quand ils vendent un film à une chaîne, cèdent des droits d’édition qu’ils n’ont pas, sans même parfois connaître le compositeur avec lequel ils vont travailler. C’était important de dire : “Stop. Maintenant, on va remettre les choses à plat”.
L’objectif de Sœurs Jumelles est aussi de mettre en avant les métiers de l’ombre ?
Absolument. Des monteurs, aux éditeurs en passant par les producteurs exécutifs, les agents de compositeurs… Par exemple, quelque chose me frappe par rapport aux agents. Systématiquement, les producteurs tordent le nez et ne veulent pas parler avec les agents des compositeurs mais en direct avec l’artiste. Or, avec les comédiens, ça ne leur viendrait même pas à l’esprit.
Il y a d’autres métiers, comme celui de producteur de musique, qui sont peu connus des producteurs. Du coup, ils captent souvent les éditions. Dans leur esprit, le droit d’auteur généré permettra de contribuer au financement du film. Mais Il y a plein d’autres manières de financer la musique d’un film, en s’associant justement à des professionnels comme nous qui activeront d’autres réseaux : des producteurs exécutifs, des producteurs de masters, des labels, des éditeurs… L’idée de cet événement, de ces Sœurs Jumelles, c’est de pouvoir faire évoluer tout ça, de mettre en avant ces métiers de l’ombre qui peuvent répondre à des problématiques.
Quel bilan tirez-vous de la première édition ?
Je suis vraiment très content que cette première édition ait eu lieu : ce n’était vraiment pas facile dans les conditions sanitaires que l’on connaît. Il y a eu beaucoup de changements et travailler dans cette instabilité est extrêmement compliqué. Mais, parmi les gens de la musique comme de l’image, tout le monde a fait ce même retour et ce même constat : “C’est l’événement qui nous manquait, qui n’existait pas. Merci de l’avoir créé.”
Images : Peggy Bergère
Interview : Marilyne Letertre
Montage : Anna Fonso
Photo de couverture © Marie Astrid Jamois